Le moulin de Mordreuc, sur la rive droite de la Rance a été reconstruit en 1898 par l'architecte Jousseaume à l'emplacement d'un ancien moulin à marée, nommé le "Grand Moulin". Il en subsiste des vestiges, tel que la digue qui barrait l'estuaire. Cette retenue d'eau a servi aussi d'élevage pour les moules.
L'existence du moulin à marée de Mordreuc est attestée au début du 16e siècle (il est mentionné en 1506). Il appartient avant la Révolution à Etienne Auguste Baude. En 1799, il est vendu comme bien national à François Damal pour la somme de 12 600 livres. En octobre 1888, Jean Marion, le nouveau propriétaire, est autorisé à réparer la digue en pierres sèches de l'usine. Dix ans plus tard, en 1898, il fait reconstruire le moulin à marée sur ses anciennes fondations. Il profite de cette reconstruction pour élever d'un étage le bâtiment qui ne comportait qu'un rez-de-chaussée surélevé placé au-dessus du niveau des grandes marées. Le moulin mesure alors 16 m de longueur sur 7, 08 m de largeur. A partir de 1927, il est exploité par la famille Crespel. En 1936, sa capacité d'écrasement journalier est de 60 q. En 1939, alimentée uniquement par l'énergie marémotrice, la minoterie Crespel fonctionne 14 h sur 24 h et huit jours sur quinze. Elle cesse de fonctionner en 1955. D'abord transformé en crêperie, le bâtiment abrite actuellement une maison. En 1936, la force motrice est obtenue par une roue à aubes qui développe 25 ch. A cette date, le matériel de mouture se compose de quatre broyeurs, trois convertisseurs, une bluterie ronde, deux bluteries centrifuges et cinq bluteries hexagonales. En 1939, le moulin de Mordreuc emploie un salarié.
Le moulin de Mordreuc, édifié en moellons de granite, compte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et deux étages carrés couverts d'un toit à longs pans en ardoises. Ses façades est et ouest sont rythmées par trois travées de baies rectangulaires encadrées de pierres de taille. Les deux premiers niveaux sont régulièrement ponctués de tirants métalliques en forme de croix grecque. L'étage de soubassement, dans lequel se situait la roue hydraulique, a conservé en état le coursier doté d'un arc en plein cintre. La digue, qui permettait de retenir les eaux du bassin, a malheureusement quasiment disparu ; il en subsiste simplement quelques traces éparses.
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